Cette musique qui diffuse des insanités

Publié le par Kingunza Kikim Afri

- Par Kingunza Kikim Afri -

 

Nous ne cesserons de nous poser un tas de questions sur les vraies tâches de la Commission nationale de Censure. Cette structure de régulation qui avait été créée pendant la 2ème République pour mettre de l’ordre dans l’espace culturel congolais, est, depuis des lustres, plongée dans un profond sommeil. Ce qui la rivalise aux complices qui permettent aux musiciens de verser l’opprobre dans le public, à travers des œuvres pleines d’insanités  lancées sur le marché, et qu’on a de la peine à gober en famille. Se sentant protégés, les artistes musiciens congolais se comportent tels des « intouchables » qui ne tiennent aucunement compte du monde qu’ils sont cencés servir. Qui oublie que pendant la 2ème République, Franco Luambo Makiadi, l’une des sommités de la chanson congolaise de l’époque, pour avoir chanté des insanités dans son album « Jacky », a séjourné pendant plusieurs jours à la prison centrale de Makala. Pour le libérer, le Procureur de la République avait invité la maman de l’artiste à écouter d’abord cette œuvre pour laquelle son fils était condamné, avant de le relaxer. Sincèrement, la maman de Luambo n’a pas voulu entendre la suite de la chanson, elle est tombée en sanglot, priant  son enfant qui s’en prenait un peu trop aux femmes de ne plus verser dans la « fornication publique »…

… De même au Cameroun. Pour avoir été photographié en tenue d’Adam sur la jaquette de son nouvel album, l’artiste musicien « Petit Pays » qui se trouvait à Paris où il est allé finaliser son opus, avait été interdit, par les autorités de son pays de rentrer au Cameroun au risque d’être jeté en prison pour atteinte à la pudeur.

« Petit Pays » était donc obligé d’aller revoir son photographe et son imprimeur pour refaire d’autres jaquettes. Ce qui a été fait. L’artiste est rentré à Douala et poursuit sa carrière en respectant tous les prescrits constitutifs.

Si ce seul exemple pouvait servir de référence à la Commission nationale de Censure, cette structure de l’Etat jouera honnêtement les rôles pour lesquelles elle a été instituée.

Comme nous le disions très haut, par la faute de la « C.N.C », l’art en Rdc, est dans la poubelle. Les artistes musiciens congolais s’accrochent à la facilité qui ne paie pas. Nous n’en dirons jamais plus…

La génération montante des musiciens congolais, est en train de faire croire à l’opinion que pour mieux vendre, il faut écrire des textes pleins d’insanités. Cela se remarque à travers de nombreux supports lancés dans les bacs. Toutes les œuvres produites par la quasi-totalité de nos jeunes musiciens, sont truffées des cris déshonorants. Des passages qui ne permettent pas aux parents sérieux de rester, au salon à coté de leurs enfants, suivre ce que tel ou tel autre musicien, en vogue, propose au public.

A l’affiche, outre des propos inacceptables que nos artistes font gober à la société à travers leurs chansons, il suffit de franchir un pas pour atterrir dans le monde des clips. Et, là aussi, le constat est amer. On laisse couler la mèche allègrement et on met à la portée du public des scènes de danse qui ne cadrent nullement avec nos coutumes et us.

Des cris immoraux qui accompagnent ces images, font battre en retraite toute âme sensible. Des gens sérieux ne cessent de se poser la question de savoir si réellement la Commission nationale de Censure continue encore à exister. Car, certains la prennent pour une institution morte depuis la nuit du temps, emportée par les espèces sonnantes que brandissent, à chaque occasion, les faiseurs de musique, pour acheter leur liberté d’expression. D’où, l’incapacité de cet organe de régulation à pouvoir taper du poing sur la table. Elle est devenue la risée de tout le monde par la faute de ceux qui la constituent. Incapables de prendre une décision, ils laissent faire et, assistent, sans mot dire, à la dégradation de la situation dans le circuit musical congolais où tout est sujet à discussion.

Quelques échantillons qui dérangent

« Libumu na yo soki nalaleli yango, bandoto pepère »…, «  yaka nasopela yo mayi »…(Ferre Gola), «  tshuba, tshuba tshuba ngai po nainu batshuba ngai te, beta beta beta ngai po nainu babeta ngai te » (Fally Ipupa)…

« Libele na 6heures ya bébé, … na 12 heures ya bébé, … na minuit ya papa » (Quartier Latin International), « fina télécommande obina punda, mata punda oyoka bilengi » (Wenge Bcbg), « mama nzoto, mama nzoto e e » (Didier Lacoste), « Linda linda, mabina ya castro » (Laviniora Esthetique), « fungola porte ya chemise na yo, na toucher ata pelouse ya véranda ya motema » (Ferre Gola), « chéri lala no, ngai moko nasala tout »(Quartier Latin International), « nansi asiliki alingi napesa nasibaye » (Cultur’A Pays Vie)…

(A suivre)

        

           

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